
Le Musée McCord Stewart accueille, du 4 octobre 2024 au 9 mars 2025, Manasie Akpaliapik. Univers inuit. Cette exposition – organisée et mise en circulation par le Musée national des beaux-arts du Québec et adaptée par le Musée McCord Stewart – est consacrée à l’artiste contemporain originaire d’Ikpiarjuk (Arctic Bay) sur l’île de Baffin (Nunavut). Rassemblant des sculptures issues de la remarquable collection d’art inuit de feu Raymond Brousseau, elle offre un regard unique sur l’œuvre de Manasie Akpaliapik. Considéré comme l’un des artistes les plus doués de sa génération, il fait émerger de ses matériaux de prédilection – l’os de baleine, le bois de caribou et la pierre – des créations en lien avec la tradition orale, les valeurs culturelles, le monde surnaturel, ainsi que la faune et l’environnement arctiques.
L’artiste puise dans la nature et la mythologie du monde de neige et de glace – qui a bercé son enfance – l’inspiration ainsi que les matériaux desquels émergent spontanément des œuvres uniques, captivantes et aux multiples dimensions. Manasie Akpaliapik ne planifie pas à quoi ressembleront ses œuvres ; il associe des matériaux et il en émerge une sculpture, un récit. Cette fascination pour l’os de baleine – son matériau de prédilection, bien qu’il soit particulièrement rare et difficile à trouver –, ajoute à l’unicité de ses œuvres.


Depuis cinq décennies, les créations de Manasie Akpaliapik sont de véritables objets de fascination. Le public pourra découvrir dans l’exposition 40 sculptures de l’artiste qui racontent un fragment de l’histoire du peuple inuit et invitent à la réflexion en cette époque où les rapports entre l’homme, la nature et le climat interpellent au plus haut point. La faune, les contes et légendes du Nord – Talilayuq, la déesse de la mer et le Hibou sacré –, le chamanisme, la transmission du savoir et l’environnement arctique se matérialisent à travers un amalgame éblouissant de matériaux multiples qui caractérise chaque création de Manasie Akpaliapik.
« Virtuose du marteau et du ciseau, Manasie Akpaliapik est sans l’ombre d’un doute l’un des sculpteurs les plus importants de sa génération. Muni à la fois d’un sens magistral de la matière et d’une perfection technique, l’artiste a su insuffler à son œuvre une dimension très personnelle par rapport aux bouleversements et aux transformations de son univers – le Grand Nord canadien – et des gens qui l’entourent. À la fois humble, simple et réservé, Manasie transforme les ossements trouvés à même le sol arctique en récits inspirés. Sa mission : transmettre un sentiment de fierté aux générations qui lui succèderont », souligne Daniel Drouin, commissaire de l’exposition.
« Tout ce que je fais, c’est de tenter de capter un peu de la culture de nos traditions, notamment dans les choses simples comme la chasse, les vêtements traditionnels et les légendes. J’ai l’impression que la seule façon, pour nous, de préserver notre culture, c’est que les gens la voient », explique Manasie Akpaliapik.
Entre le nord et le sud
Manasie Akpaliapik a grandi à Ikpiarjuk, sur l’île de Baffin. Il a migré vers le sud du Canada (Montréal, puis la grande région de Toronto) dans les années 1980. S’il crée ses œuvres à partir de son studio du « sud », ses matériaux proviennent presque exclusivement du Grand Nord. Ainsi, chaque année, Manasie retourne dans la région qui l’a vu naître pour récupérer les matériaux nécessaires à la création de ses sculptures. Il accorde en effet une grande importance à l’utilisation et à la combinaison de matériaux cueillis à même le sol dans son processus créatif. La quarantaine d’œuvres présentées dans l’exposition – sauf quelques exceptions – sont donc entièrement réalisées grâce à la combinaison de matériaux récoltés lors de ses voyages annuels au Nunavut. Comme il l’explique : « Mon art m’amène à préserver ma connexion entre le Nord et le sud, et m’aide ainsi à trouver ma place entre le monde occidental et la culture inuit. »


L’art salvateur
Si Manasie Akpaliapik dévoile à travers ses œuvres l’histoire et les traditions inuit, il aborde aussi son histoire personnelle, avec une sensibilité profondément humaine et universelle. L’art devient un moyen d’exprimer les défis qu’il a dû surmonter, mais aussi d’extérioriser les démons qu’il a longtemps combattus. Pour reprendre ses mots : « Lorsque la vie devient vraiment difficile, mon art est toujours là pour me tirer vers le haut. » Il démontre par son travail exceptionnel le rayonnement de l’art contemporain et de la culture inuit.
« Gardien d’une collection racontant près de 12 000 ans d’histoire et de présence autochtone sur le territoire, le Musée McCord Stewart œuvre, de longue date, à mettre en lumière la vitalité et la diversité des artistes contemporains des Inuit, des Premières Nations et des Métis. Grâce à une collaboration avec le Musée national des beaux-arts du Québec, nous sommes heureux de pouvoir présenter l’œuvre de Manasie Akpaliapik qui est incontestablement l’un des grands talents de sa génération », souligne Anne Eschapasse, présidente et cheffe de la direction.
Manasie Akpaliapik
Fort d’une carrière de plus de quatre décennies et comptant de nombreuses créations exposées dans des institutions comme le Musée des beaux-arts du Canada, le Musée canadien de l’histoire et plusieurs galeries privées, Manasie a créé une œuvre marquée par son grand amour des animaux et des légendes inuit, ces récits où les relations entre les êtres humains et les animaux sont profondément respectueuses.
Manasie est un danseur au tambour expérimenté et un fabricant de tambours chevronné, en plus d’être un spécialiste de la construction de kayaks. Il continue à se rendre chaque année dans l’Arctique, pour y chercher de vieux os de baleine et renouer avec sa famille et sa communauté. Il aime beaucoup transmettre les légendes inuit aux plus jeunes et travaille sans relâche pour garder vivante la tradition orale des conteurs d’histoires.
Commissariat et équipe de production
Une exposition organisée et mise en circulation par le Musée national des beaux-arts du Québec, adaptée par le Musée McCord Stewart.
Artiste : Manasie Akpaliapik
Commissariat : Daniel Drouin, conservateur de l’art ancien et responsable de la collection d’art inuit de 2005 à 2020, Musée national des beaux-arts du Québec
Récit et rédaction des textes et des cartels en salle : Manasie Akpaliapik, Annie Akpaliapik et Daniel Drouin
Scénographie et graphisme : Marie-France Grondin, Musée national des beaux-arts du Québec, adaptés par Guillaume Kukucka et David Martin
Gestion de projet : Catherine K. Laflamme, chargée de projet principale, Expositions, Musée McCord Stewart
Coordination de la tournée : Yasmée Faucher, cheffe du service de la muséographie, Musée national des beaux-arts du Québec
Le Musée national des beaux-arts du Québec remercie le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins pour le prêt des vertèbres de baleines.